Fernanda Velloso - Le TDAH, entre discours social et écoute du sujet.

Le TDAH, entre discours social et écoute du sujet.

Je t’accompagne dans cette jornada, ce voyage singulier vers ton propre être, mon enfant.

Aujourd’hui, le terme TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) est largement présent dans le discours social et scolaire. Les médias, les écoles, les médecins et le grand public en parlent - parfois à tort et à travers.
Mais que désigne exactement ce terme, chargé de significations, de discours et de divergences ?
Souvent, le TDAH renvoie à des enfants décrits comme “trop agités”, “distraits” ou “dans la lune”.

D’un côté, ce diagnostic permet de mieux comprendre certaines difficultés et d’ouvrir l’accès à un accompagnement ou à un traitement adaptés.
Mais, de l’autre, il peut aussi réduire la singularité de chaque enfant à une étiquette.
Dans le champ scolaire notamment, la question du TDAH surgit face à des exigences d’attention soutenue, d’adaptation et de performance.
L’enfant qui s’agite, rêve ou dérange le cadre vient bousculer ces attentes normatives, à chaque fois plus oppressantes.
Le diagnostic devient alors une manière d’expliquer-et parfois de contenir-ce qui dérange, en promettant une solution rapide, souvent médicamenteuse.

Pourtant, cette approche, et si on s'arrête à elle, peut faire disparaître la dimension subjective de la difficulté : elle parle du trouble, mais elle ne parle plus de l’enfant. Elle révèle aussi un symptôme plus large de notre société : le besoin de tout résoudre vite, d’effacer le malaise plutôt que de le comprendre.

D’un point de vue psychanalytique, il ne s’agit pas de nier la réalité des troubles de l’attention et de l'hyperactivité, mais de leur redonner sens.
L’agitation, la distraction ou l’impulsivité peuvent être comprises comme des formes d’expression du sujet, des tentatives de dire quelque chose de soi - souvent à travers le corps ou le mouvement.

L’enjeu n’est donc pas de corriger à tout prix le symptôme, mais d’en écouter la fonction et la signification — autrement dit, de comprendre pourquoi il est là et ce qu’il cherche à dire — pour chaque enfant, et de le relier à son histoire.

Ce travail peut parfois se faire rapidement, à travers des prises de conscience ponctuelles, ou demander du temps — le temps propre à l’enfant, celui qu’il lui faut pour dire, comprendre et transformer ce qu’il vit.

C’est à lui seul, par son vécu et à son rythme, de nous indiquer le chemin.

Et c’est en acceptant d’attendre, d’être patients avec lui, que l’enfant peut peu à peu devenir sujet de sa propre histoire. Dans cet espace d’écoute, l’enfant n’est plus défini par un trouble, ni réduit à un comportement à corriger.
Il est reconnu dans sa manière singulière d’habiter le monde, de penser, de rêver, d’apprendre et de désirer.
Offrir cette possibilité, c’est lui permettre de grandir, d’ouvrir un espace de compréhension de lui-même, et d’inventer une place plus juste dans son rapport aux autres et au monde.

Peut-on imaginer plus belle forme de reconnaissance que celle d’avoir sa souffrance entendue ?
Écouter un enfant, c’est déjà lui accorder une existence pleine ; c’est le considérer comme un être de parole, porteur d’une vérité qui mérite d’être accueillie.

Fernanda B.Velloso
Psychologue

Page updated

Report abuse